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Cette exposition est un cri, un pavé dans la mare. Elle est née d'une urgence : celle de poser un regard cru mais nécessaire sur la matrifocalité et la monoparentalité, des réalités trop souvent passées sous silence. À travers les témoignages des femmes que j'ai rencontrées, dont les voix se mêlent à celles, anonymes, d'autres mères, se tisse une œuvre collective et intime, portée par des histoires de doutes, de forces muettes, de résiliences secrètes. Ces femmes sont le miroir d'une société traversée par le poids de l'absence. Ce sont des corps-mémoires, des paysages d'intimités et de luttes qui interrogent notre monde et ce qu'il abandonne aux mères. Mon travail, entre archive photographique, dessin, peinture et écriture cherche à leurs donner une visibilité. Les draps, volontairement salis et retravaillés, deviennent des voiles d'intimité, de métamorphose et de dialogue. Les mots des pères, planant au dessus des têtes, résonnent comme des échos parfois douloureux, tandis que des Vierges à l'Enfant inversées et éviscérées flottent sous les corps, incarnant une maternité sacrée et une puissance de transformation.

Cette exploration est aussi profondément personnelle, celle d'une femme devenue mère ici, dans un contexte où les questions de filiation, de métissage et de transmission façonnent les histoires individuelles et collectives. Elle engage une perspective sociétale en abordant la matrifocalité, un concept façonné par l'histoire coloniale et toujours d'actualité dans les structures familiales des Antilles. En tant qu'étrangère à cette terre mais témoin de son quotidien, j'ai voulu capter cette complexité avec respect, vérité et dignité. L'exposition se présente dès lors comme un espace de monstration de ces peurs, ces colères, ces tristesses, cette solitude et ces espoirs qui nous traversent toutes et m'ont menée à un nouveau départ.

"De chair et d'os" est un hommage à toutes les mères qui, seules ou accompagnées, portent le monde sur leurs épaules, et à toutes celles qui, par leur résilience, transforment l'ombre en promesse de lumière. C'est un appel à écouter, à ressentir, à agir, un appel à reconnaître et honorer ces parcours, à engager un dialogue collectif sur les enjeux de la parentalité dans notre société contemporaine. Avant de partir, je laisse ces œuvres comme des empreintes vivantes pour que la réflexion continue, que les voix s'élèvent, que les regards s'affûtent. Que ces récits habitent nos espaces publics et nos consciences, que cette exposition soit un miroir, un espace de réflexion et d'inspiration.

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