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Dans cette série d’œuvres, j’ouvre le corps, le dissèque pour en révéler tout son potentiel plastique et symbolique en prise avec le monde des émotions.

 STRATES

 

Qui sommes-nous? Qu'est-ce qui défini nos identités? Comment s'inscrivent-elles dans nos corps? Nos êtres? Nos âmes? Et comment savoir qui nous sommes quand ce que nous sommes résulte d'un cheminement intérieur tout autant que d'interventions extérieures? Quand notre identité, avant même de nous appartenir, est à la merci de l'Histoire et perméable au hasard? (…) Comment dire notre identité quand, par delà l'Histoire et le Tragique, la naissance, mais aussi l'amour, la maternité, la douleur et la joie participent à sa réalisation? Quand le temps qui passe, le "banal" du quotidien, la présence autant que l'absence, la Vie tout simplement, rythment nos parcours identitaires?

Les femmes, bien plus que les hommes, se sont intéressées à représenter ces expériences essentielles de notre Humanité. Parce qu'elles ont cette charge de porter en elles des vies autonomes qui ne sont pas elles, elles vivent au plus profond de leurs chairs ces questionnements. Mais aussi parce qu'être "Femme" est avant tout un construit social dont les caractéristiques et qualités genrées définissent leurs identités au sein de nos sociétés. Caractéristiques qui se trouvent "naturalisées", c'est à dire stratifiées et sédimentées, dans nos comportements et regards par un lent et complexe apprentissage collectif couvrant toutes les dimensions de nos vies.

Pour reprendre les mots de l'artiste nigériane Wangechi Mutu, "plus que les hommes, les femmes portent en elles les marques, le langage et les nuances de leur culture (…) tout ce qui est désiré ou méprisé est toujours présent sur le corps de la femme". (…) Ainsi, à travers ses tableaux, CeDo transcende les marqueurs et représentations historiques, religieuses, sociales et culturelles qui font d'elle une fille, une femme, une mère aux yeux du monde. Déchirant son propre corps, elle en disperse les morceaux pour interroger sa condition féminine autant qu'humaine. De la mise à nu de son corps intérieur, elle exhume ses expériences les plus viscérales et intimes, s'en réapproprie les éclatements symboliques pour se réinventer et donner vie à une identité qui n'appartient alors plus qu'à elle, à la fois objet et sujet de son art (…).

Laurent Marlin, 

texte pour l’exposition « Strates », du 25 juin au 16 juillet 2020, Arawak, Guadeloupe

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